La tente – Compagnie du sarement

Peur de quoi ? 

Un univers visuel puissant pour faire surgir les ombres et les monstres de l’œuvre. Que se passe-t-il hors de cette tente ? Nos deux personnages sont autorisés à dormir dans cette tente cette nuit-là. Ils vont découvrir un monde nocturne qui regorge de surprises. La pièce est conçue pour vivre cette aventure et dompter ses peurs.

Face à une situation de peur, l’humain a trois réactions possibles : se battre, s’enfuir ou se figer. Combattre ses peurs, effectuer les actions qui nous semblent impossibles, permet de grandir. Les peurs de l’enfance sont des piliers importants de la construction de soi, elles nous font, dans leur dépassement, avancer sur le chemin de la vie, elles construisent l’adulte que nous sommes ; et Claude Ponti, qui use magistralement de ces frayeurs le sait très bien. La pièce est issue de l’œuvre de Claude Ponti. Claude Ponti, auteur né dans la région Grand Est, a su créer son univers propre. Ponti sort littéralement des marges, il illustre ses œuvres et y fait déborder ses personnages.

L’aventure de la compagnie du Sarment est de faire du Pontiesque sans utiliser ses illustrations mais en se réappropriant son style.

Pour cette mise en scène, il y a une double lecture. Chaque tranche d’âge y trouve de la satisfaction. Le travail de la musique, du son plonge le spectateur dans l’univers coloré de Ponti. L’importance de la musique, basée sur les codes sonores de la peur, crée cet espace pour que les enfants puissent jouer à se faire peur. La musique électronique, la vidéo sont des éléments moteurs des actions des enfants. L’univers de Ponti est alimenté par ce langage théâtrale.

Lorsque nous devenons adultes, nous oublions souvent que les obstacles placés sur notre chemin par la vie sont, pour la plupart, juste et simplement des monstres, de petits ou de grands monstres que nous nous devons d’amadouer puis de digérer.

La peur, les monstres de cette histoire son réels. La peur provoque de la difficulté, peut nous empêcher d’avancer. La peur est réelle d’autant plus qu’elle nous arrête, qu’elle nous bloque dans notre parcours. Les enfants qui sont sous cette tente se moquent de la peur. C’est une façon de se dépasser. Ces enfants s’amusent à se faire peur, ils montrent comment ils la dépassent. A travers cette histoire, cette aventure, l’enfant peut affronter ses peurs sans l’aide des adultes. Ce sont les enfants qui servent de modèle, qui grandissent en affrontant leurs peurs. Souvent nous n’allons pas au-delà, nous n’atteignons pas nos buts, nos capacités semblent être limitées. Alors que trouver le courage de faire ce qui nous semble dangereux permet de se dépasser et de se comprendre soi-même.

PILLON Gwenaëlle